En Russie et en Chine, on ne badine pas avec la météorologie. Et les autorités financent d’importantes campagnes pour déclencher la pluie et la neige sur demande, en ensemençant les nuages avec des sels d’argent ou du ciment. Une équipe européenne propose une autre méthode: irradier des nuages avec des flash laser. Et ça marche, enfin presque.
Cet hiver, le maire de Moscou avait promis un hiver sans neige à ses administrés. Joignant le geste à la parole, il s’était offert les services de l’armée de l’air Russe, pour disperser des produits chimiques (iodure d’argent et ciment!) dans le ciel de la banlieue moscovite. Il espérait ainsi déclencher les chutes de neige avant que les nuages ne survolent la ville. Objectif, éviter de dépenser des millions de dollars à déneiger les rues. L’expérience avait été un parfait échec.
Le maire de Moscou sera donc ravi d’apprendre que des chercheurs européens (Suisse, Allemagne, France) annoncent avoir condensé des gouttes d’eau en éclairant le ciel de Berlin avec un rayon laser . Une démonstration en vraie grandeur de travaux déjà conduits en laboratoire, qui confirmer l’extraordinaire palette d’applications du laser, qui fête cette année son cinquantenaire.
En éclairant le ciel avec des impulsion ultra-courtes, d’une durée 60 femtosecondes ( La femtoseconde vaut un millionième de milliardième de seconde (10-15s))et espacées d’un dixième de seconde, les chercheurs ont observé la formation de faisceaux de condensation dans l’air, un peu à la manière des trainées de condensation qu’on observe dans le sillage des avions. Mais que les choses soient claires: les Berlinois n’ont rien vu des infimes gouttelettes condensées par laser: il a fallu un système de détection par laser (Lidar) pour observer les gouttes d’eau de quelques micromètres de diamètre, bien trop petites pour déclencher la pluie. Selon les chercheurs, l’énergie du laser de puissance stimulerait des réactions chimiques capables de produire des poussières sur lesquelles la vapeur d’eau vient se condenser en gouttes.
La réussite de ces expériences dans l’atmosphère vient taire une partie des critiques qui avaient fusé après la validation du principe en laboratoire. Car ces conditions expérimentales semblaient irréalistes, comparé à ce que l’on observe dans l’atmosphère. Cette fois, la démonstration dans la nature montre que ces lasers à impulsion de haute énergie n’ont pas fini de trouver des applications, même si ce n’est pas demain la veille qu’on verra des light-show à visées météorologiques!
Ces travaux confirment aussi les formidables capacité du laser franco-allemand Terramobile, un instrument mobile qui peut générer une puissance de 5 terrawatts pendant quelques dizaines de femtosecondes. Le Terramobile a déjà montré sa capacité à ioniser l’air, qui laissent penser qu’on pourra un jour utiliser ce principe pour créer des paratonnerres capable d’aller chercher la foudre en altitude, pour protéger des installations sensibles (centrales électriques, aéroports…).